Abstract
Les jeux d’argent sont-ils des jeux comme les autres ? à en croire la définition du mot jeu dans le dictionnaire, il y aurait fort à parier que non : " Activité à laquelle on se livre pour s’amuser, se divertir, sans qu’il y ait aucun enjeu " (Académie française, 2022). Sachant que, selon ce même dictionnaire, les jeux d’argent se définissent comme des " divertissements où l’on hasarde de l’argent dans l’espoir de gagner la partie “, la présence d’un enjeu monétaire devrait donc les exclure du domaine du jeu, à proprement parler. Pourtant, après avoir longuement étudié ce domaine, notamment sur le plan du langage, le philosophe Jacques Henriot (1989 : 213) soutient que " [l]es jeux d’argent ne forment […] pas une catégorie à part " ; postulant par ailleurs que " ce n’est pas en lisant l’article “Jeu” d’un dictionnaire que l’on apprendra, si l’on ne le sait déjà, ce que c’est que jouer " (ibid. : 13). Trois arguments justifient cette inclusion des jeux d’argent dans le domaine du jeu : 1) " il n’entre pas dans la définition du jeu [outre celle du dictionnaire] que l’acrobate doive toujours travailler avec filet " (ibid. : 213), autrement dit : le jeu n’est pas forcément sans risque ni conséquence et encore moins sans enjeu ; 2) " de l’aveu de tous, les jeux d’argent sont des jeux " (ibid.), ne serait-ce que parce qu’on utilise le même mot pour les qualifier ; 3) " tout jeu, quel qu’il soit, peut donner matière à un pari et se doubler d’un jeu d’argent " (ibid.), ce qui suppose un lien entre les deux…